Confidences : Jean-Jacques Goldman et Michael Jackson (2025)

Confidences

Laurence Lefèvre : Certains disent que tu es le "Michael Jackson français".

Jean-Jacques Goldman : Ça fait un peu le "Michael Jackson du pauvre !" On nous compare sans doute parce qu'on a tous les deux du succès, encore que le mien ne soit pas comparable au sien. Sinon, je ne me sens pas du tout proche de lui.

Chanson n°10, en 1984, propos recueillis par Laurence Lefèvre

Prenez le cas de Michael Jackson. Son succès est immense sur le plan international et je le comprends parce qu’il se résume à un seul mot : “l’image”. Et, en effet, Michael Jackson est le premier à prévoir des images pour chacune de ses chansons. Sans les clips, ses albums se seraient vendus honnêtement, sans plus. Parce qu’il est tout de même anormal qu’il ait un tel impact musical, quand on compare avec ce que font certains autres musiciens. La musique de Michael Jackson est par exemple beaucoup moins intéressante que celle de Stevie Wonder… Pourquoi cet engouement, dès lors ? Tout simplement parce qu’il est un “monstre” de l’image ! Il est un excellent acteur, doublé d’un danseur formidable… Il ne faut tout de même pas oublier que le lendemain de la diffusion de “Thriller” en France, des centaines de personnes se sont précipitées chez les disquaires pour acheter la musique du clip. Et lorsqu’on leur a présenté l’album, ils se sont rendu compte qu’ils l’avaient déjà ! L’image ajoute à la musique une autre dimension… Et, à la limite, je me demande si les gens ne sont pas déçus lorsqu’ils ramènent le disque chez eux et qu’ils l’écoutent pour la première fois sans l’apport de l’image.

Jean-Jacques Goldman : “Après la chanson, pourquoi pas le cinéma ?” (Ciné Télé Revue, mars 1984, propos recueillis par Bernard Alès)

[Je te donnne] est une des premières chansons que j'ai écrite pour cet album. Mais je ne pensais pas du tout en faire un simple. Pour moi, il était très clair que cette chanson parlerait de ça et que je la chanterais avec Michael et personne d'autre. Parce que ça parlait de lui et de moi et que ça m'aurait fait chier de la chanter avec une autre personne, fût-ce Michael Jackson. Je pense que dans ce métier, il est indispensable de faire les choses qu'on sent et qui nous font plaisir à nous pour pouvoir faire plaisir au public.

Jean-Jacques Goldman, choisir ses insolences (Swing, 1986)

Il y a surtout de gens qui pensent que j'ai la clé. La clé pour les succès. Et que je peux leur procurer des hits. Evidemment la chanson est aussi importante mais on oublie souvent l'intérêt pour le chanteur. Car c'est "il" ou "elle" qui peut finalement interpréter cette chanson. L'offre la plus bizarre vint de Michael Jackson qui voulait absolument me rencontrer alors qu'il était en France. Je ne me faisais pas d'illusions. Cela n'a pas été parce qu'il n'était pas sous l'influence de mon œuvre, mais plutôt à cause de mon succès. Comme tu me le demandes, sache qu'il ne savait pas encore comment il devait prononcer mon nom. (rires)

Jean-Jacques Goldman : La boucle est bouclée (Het Nieuwsblad, 10 décembre 1997, propos recueillis par Hans-Maarten)

Je trouve que ces mots sont tellement dévoyés. Michael Jackson qui dit [il prend la voix de M.J.] : "I love you!" ou Carl Lewis qui dit la même chose. Moi, je ne peux pas le dire. Je ne pense pas la même chose qu'eux. C'est comme s'ils s'étaient accaparés ces mots et les avaient vidés de leur sens.

Le soir illustré, 24 septembre 1998, propos recueillis par Joëlle Lehrer

Il y a un avant et un après lui sur le plan de l'image, de la même façon qu'il y a un avant après Dylan pour ce qui concerne les textes, un avant après les Beatles pour ce qui concerne les mélodies.

Hommage de Jean-Jacques Goldman à Michael Jackson (RTL, juin 2009, propos recueillis par Laurent Boyer)

Il a été le premier à intégrer l'image et à l'organiser, on va dire, de façon systématique en investissant énormément sur les clips, sur ses productions scéniques et tout ça avec du talent. Ses chansons ont été boostées par rapport à tout ce qui se faisait. Donc, il y a un avant lui et un après lui sur le plan de l'image avant tout.

Hommage de Jean-Jacques Goldman à Michael Jackson (RTL, juin 2009, propos recueillis par Laurent Boyer)

Michael Jackson faisait de la musique et tout à coup, il est fasciné par toutes ces images et il décide d'en faire une démarche artistique. Il se trouve que sur le plan marketing, ça a marché, mais au départ, je pense qu'il s'agit strictement d'une volonté artistique.

Hommage de Jean-Jacques Goldman à Michael Jackson (RTL, juin 2009, propos recueillis par Laurent Boyer)

Franchement, j'étais un consommateur comme tout le monde. Ce n'était pas tout à fait mon monde musical.

Hommage de Jean-Jacques Goldman à Michael Jackson (RTL, juin 2009, propos recueillis par Laurent Boyer)

J'étais extrêmement respectueux.

Hommage de Jean-Jacques Goldman à Michael Jackson (RTL, juin 2009, propos recueillis par Laurent Boyer)

Il ne faut pas oublier non plus le compositeur qu'il est. "We are the world", tout ça, ça n'a l'air de rien, mais il faut les sortir, ces mélodies-là. Même quand il a travaillé avec McCartney, il n'a jamais été un usurpateur, ce gars-là. C'est un musicien. Il est arrangeur.

Hommage de Jean-Jacques Goldman à Michael Jackson (RTL, juin 2009, propos recueillis par Laurent Boyer)