Confidences : la femme de Jean-Jacques Goldman (2025)
Confidences
Jean Théfaine : Ta femme idéale, c’est qui ?
Jean-Jacques Goldman : La mienne, pour l’instant. En fait, la femme idéale je n’y crois pas.
Jean Théfaine : Une jolie femme t’invite à dîner. Le plat qu’elle te sert est celui que tu détestes le plus. Tu fais quoi ?
Jean-Jacques Goldman : Je lui dis que son plat est dégueulasse et je lui demande si elle n’a pas autre chose à me proposer.
Jean-Jacques Goldman : Ici, c'est chez moi. C'est là que je compose et écris. A la maison, c'est l'univers de ma femme et de mes enfants, le mien aussi, certes, mais je passe ici tout le temps de mon élaboration. Il m'est nécessaire d'être seul, de pouvoir faire le bruit que je veux, m'endormir ou me réveiller à n'importe quelle heure. C'est mon atelier, en somme. On appelle ça un "home studio" dans le jargon des musiciens de rock, et si vous ne voyez rien à côté de mes outils de travail, c'est parce que je suis aveugle à ces choses-là : décor, couleurs, moquette ou pas, etc.
Jean-Jacques Goldman : Au début, quand j'ai vu ce cirque autour de moi, je me suis posé la question: Que fais-je ? J'y vais, ou j'arrête? Nous n'en avions jamais parlé, avec ma femme, puisque nous ne l'avions jamais envisagé. Je me suis dit : Comment ? Je refuse un statut auquel tous mes amis musiciens rêvent d'accéder ? De quel droit ? Et puis, aussi : Vais-je me retrouver dans la position, plus tard, du type qui sort les coupures de presse et dit : "Vous voyez, si j'avais voulu, j'aurais pu..." ? Alors, j'y suis allé. Mais ce statut de chanteur - vedette allait à l'encontre de mon éducation. Le respect que j'avais pour mon entourage familial m'a même interdit de les inviter la première fois que j'ai "fait" l'Olympia !
Jean-Jacques Goldman : [à propos de sa popularité] Avec Catherine, on le vit avec distance. On a le même regard sur le phénomène : étonnement, intérêt, mais détachement et amusement, en sachant que, fondamentalement, ce n'est pas important.
Philippe Labro : Qu'est-ce qui est important, pour vous deux, alors ?
Jean-Jacques Goldman : Ce qui arrive à tout le monde. Les vrais problèmes. Les relations avec autrui. Comment nous allons vieillir ensemble.
Laurent Boyer : Qu'est-ce qui t'a séduit chez ta femme ?
Jean-Jacques [après une longue hésitation] : C'est difficile. Je ne sais pas si on se marie parce qu'on a envie de vivre avec quelqu'un ou parce qu'on a l'impression qu'on ne peut pas vivre sans. C'est bizarre.
Laurent Boyer : Une phrase d'auteur.
Jean-Jacques Goldman : Je sais pas.
Laurent Boyer : Après 18 ans de mariage, tu en penses quoi du mariage ?
Jean-Jacques Goldman : Ouh la la ! [Il porte sa tasse de thé à la bouche, mais en renverse]
Laurent Boyer : T'en penses que ça fait couler mon thé sur ma chemise ?
Jean-Jacques Goldman : Vous venez de voir un acte manqué en direct ! [rires de Laurent Boyer] Les psychiatres sont en train de prendre des notes.
Laurent Boyer : Parce que tu as écrit quelques chansons sympa sur le sujet, je trouve.
Jean-Jacques Goldman : Du mariage, on peut en parler pendant des heures. Il fut un temps où le mariage était plus une espèce d'association où chacun tenait son rôle, et une association qui était extrêmement tenue pour des raisons pratiques et économiques. L'amour était quelque chose de presque subsidiaire. C'était un petit plus, mais avant tout, un homme cherchait une femme pour qu'elle soit à la maison, la femme avait besoin d'un homme pour survivre, il fallait faire des enfants, il fallait laver le linge. C'était une association qui fonctionnait comme ça, pour toutes ces raisons. La preuve, c'est qu'il y avait beaucoup de marieurs, par exemple, dans certaines religions, et ces mariages là fonctionnnaient très bien. L'amour était un luxe. Maintenant, on arrive à un moment où il y a des machines à laver automatiques, où les femmes travaillent, où on a des micro-ondes avec des plats congelés, et on n'a pas besoin l'un de l'autre. Il y a même la télé quand on s'ennuie. La seule chose qui fait tenir un mariage, c'est l'amour. Là, ça devient plus compliqué.
Laurent Boyer : Il y a une redéfinition des fonctions, et des individus l'un par rapport à l'autre. L'homme par rapport à la femme.
Jean-Jacques Goldman : C'est à dire, il y a une absence de fonctions, parce que moi, je peux laver mon linge, et elle n'a plus besoin de mon salaire. A partir de ce moment là, pourquoi on est ensemble ? Parce qu'on veut, parce qu'on a envie. C'est juste le désir d'être ensemble.
Laurent Boyer : Merci d'avoir répondu à ces petites questions de généralité sur le couple.
Fréquenstar (M6, 5 décembre 1993, propos recueillis par Laurent Boyer)
Jean-Paul Germonville : Un autre titre, "Muraille", évoque l'usure d'un amour, d'un certain monde du travail.
Jean-Jacques Goldman : Le genre de chanson qu'on ne peut écrire qu'à 46 ans... pas à 20 !
Jean-Paul Germonville : Un sujet d'actualité.
Jean-Jacques Goldman : Un monde se termine alors qu'on a cru qu'il durerait toujours. La mine était même devenue une culture qui se transmettait de génération en génération. On ne peut pas vivre sans cette idée permanente d'éphémère.
Jean-Paul Germonville : Un sentiment qu'on n'a pas à 20 ans ?
Jean-Jacques Goldman : Non, je ne crois pas. A cet âge-là, quand on est amoureux, on est absolument persuadé que ça durera toujours. Si quelqu'un dit "Regardez les statistiques", la réponse est toujours la même : "Nous, c'est pas pareil !" Les statistiques ne font rien croire à 20 ans.
Jean-Paul Germonville : La vie se charge d'apprendre !
Jean-Jacques Goldman : L'expérience, le constat de certaines vérités.
Le Figaro : Vous avez le sentiment d'avoir raconté beaucoup d'histoires ?
Jean-Jacques Goldman : Pas d'avoir raconté des histoires mais d'y avoir cru – mais comme tout le monde, je crois, si vous allez dans une mairie un samedi après-midi, vous allez voir neuf mariages. Si vous dites aux neuf jeunes couples, en région parisienne, deux mariages sur trois finissent par se séparer, les neuf vont répondre, "Oui, mais, nous, ce n'est pas pareil". Alors que, statistiquement, quinze ans après, il y en aura six sur les neuf qui seront séparés ou en mauvais état, tous croient le contraire sur le perron de la mairie.
Jean-Jacques Goldman : "Forcément je tourne en rond" (Le Figaro, 29 septembre 1997)
Le Figaro : Alors, justement, quand votre popularité a explosé, au début des années 80, quand vous aviez déjà plus de trente ans, l'adulation des adolescentes ne vous tournait pas la tête ?
Le Figaro : Non J'étais trop vieux, j'étais marié, j'avais déjà deux enfants.
Le Figaro : Quel effet cela vous a fait ?
Jean-Jacques Goldman : C'est ce qu'il y a de plus précieux. Maintenant, je fais un métier – je suis auteur de chansons, compositeur, arrangeur, musicien, interprète. A cette époque-là, je ne faisais pas un métier, c'était une chance inouïe de vivre ces relations affectives qui dépassent la raison. On a l'impression qu'on est les Beatles et Elvis Presley réunis. II y a des artistes qui ont une magnifique carrière sans jamais connaître ça.
Le Figaro : Et comment votre femme l'a pris ?
Jean-Jacques Goldman : Bien, je crois.
Jean-Jacques Goldman : "Forcément je tourne en rond" (Le Figaro, 29 septembre 1997)
Le Figaro : "Sache que je", le premier titre de votre album à passer à la radio, est une chanson plutôt désenchantée, assez dubitative quant à l'amour.
Jean-Jacques Goldman : Je ne suis pas d'accord. Le refrain est une déclaration d'amour. Simplement, il explique pourquoi il ne va pas dire : Je t'aime. C'est une chanson sur la forme mais pas sur le fond. Il ne dit pas qu'il y a mourir dans le fait d'aimer, mais qu'il y a mourir dans "je t'aime", qu'il y a du temps qui traîne dans je t'aime. Ce n'est pas douter de l'amour.
Le Figaro : Oui, mais il y a aussi sur ce disque "Les murailles", qui est une chanson sur les illusions perdues dont l'amour.
Jean-Jacques Goldman : "Les murailles" parlent des neuf couples de tout à l'heure devant la mairie, du fait que le mot "toujours" n'existe pas. Je ne trouve pas que ce soit une mauvaise nouvelle.
Le Figaro : Ah bon !
Jean-Jacques Goldman : "Longtemps" ça peut exister. Le fait de savoir que "toujours" est une vue de l'esprit, ça donne un petit peu plus de précieux à "maintenant".
Le Figaro : Rien ne dure toujours ?
Jean-Jacques Goldman : L'affection, l'amitié.
Jean-Jacques Goldman : "Forcément je tourne en rond" (Le Figaro, 29 septembre 1997)
Solo : Plus que de la nostalgie, votre album "En passant" m'évoque la mélancolie et la définition qu'en donnait Freud : "la perte s'est bien produite, mais on ne parvient pas à savoir avec précision ce qui a été perdu". Puis, dans la chanson "Quand tu danses", arrive cette phrase terrible : "J'ai fait la liste de ce que l'on ne sera plus". Que ne serez-vous plus ?
JJG : "Quand tu danses" est une histoire très claire entre un homme et une femme. Bien sûr, pour écrire cette chanson, il faut avoir vécu ces histoires. On ne peut pas écrire cela à 20 ans. A 20 ans, on ne fait pas la liste de ce qu'on va être : on a juste l'impression de vivre une histoire qui ne finira jamais. On n'écrit pas les mêmes choses à 20 ans qu'à 46 ans. C'est une question qu'on se pose après, au cours de son existence. Se demander : une fois que l'amour est parti, qu'est-ce qu'on devient ? Après avoir été tout, est-ce qu'on devient rien ? Quand on a touché la peau de quelqu'un, est-ce qu'on devient un ennemi ? C'est dommage. Quel est le statut des gens qui se quittent ?
Portrait (Solo n°2, novembre / décembre 1997, propos recueillis par Lilianne Roudière)
Laurent Boyer : Une femme sexy, c'est quoi pour toi, Jean-Jacques ?
Jean-Jacques Goldman : C'est terrible. Les gens, ils répondent à ça ? [Rires de Jean-Jacques Goldman]. Allez, passe.
Laurent Boyer : Tu préfères quitter ou être quitté ?
Jean-Jacques Goldman : Ni l'un, ni l'autre.
Laurent Boyer : Ça se déclare, ça se déclame ou ça se tait ?
Jean-Jacques Goldman : Ça se fait.
Laurent Boyer : Quand on aime très fort, on peut rester amis après ?
Jean-Jacques Goldman : Bonne question, j'en ferais bien une chanson !
Laurent Boyer : La phrase qui tue l'amour, selon toi ?
Jean-Jacques Goldman : C'est la phrase où tout à coup, tu te rends compte que t'as pas vécu la même histoire, tu vois, le malentendu.
Laurent Boyer : Parler d'amour, ça te gêne ?
Jean-Jacques Goldman : Ouais !
Laurent Boyer : Merci Jean-Jacques.
Laurent Boyer : La femme que tu aimes te demande de prendre une année sabatique pour te consacrer à elle. Comment réagis-tu ?
Jean-Jacques Goldman : Je me dis qu'elle ne m'aime pas, elle.
Isabelle Giordano : "Sache que je", la célèbre chanson, est-ce qu'on peut savoir à qui elle s'adresse ?
Jean-Jacques Goldman : Mais elle s'adresse pas à quelqu'un, ah oui, si, elle s'adresse à quelqu'un, oui.. Je sais pas, j'ai pas réfléchi à ça ! Elle s'adresse aux personnes à qui je suis susceptible de le dire. Donc je préviens d'avance que je ne le dirais pas. Mais en fait, le thème de la chanson, c'est pas vraiment ça, le thème c'est : est-ce qu'on peut dire qu'on est amoureux de quelqu'un avec les mots "je t'aime". C'est ça la question. A mon avis, non, parce que les mots sont plus... je crois que si je disais ça, ça ferait éclater de rire. Mais donc le sentiment est là, les mots sont plus là pour le dire. Je dirais donc "sache que je", mais je sais pas à qui!
Le Journal des Spectacles (Europe 1, 19 juin 1998, propos recueillis par Isabelle Giordano)
Joëlle Lehrer : Préférez-vous écrire une chanson comme "Sache que je" plutôt que de dire "Je t'aime" à la femme de votre vie ?
Jean-Jacques Goldman : "Sache que je" lui explique pourquoi je ne lui dis pas "Je t'aime" et que cela n'empêche pas... C'est une réponse au fait que je n'ai dit "Je t'aime" dans aucune de mes chansons. Beaucoup de gens me demandent pourquoi je ne fais pas ou peu de chansons d'amour. Il est souvent question de fin d'amour, d'amour fini (rires) mais cela veut dire qu'il y en a eu. J'ai un peu de mal à écrire "You are the sunshine of my life".
Joëlle Lehrer : Vous n'êtes pas un expansif ?
Jean-Jacques Goldman : Je trouve que ces mots sont tellement dévoyés. Michael Jackson qui dit [il prend la voix de M.J.] : "I love you!" ou Carl Lewis qui dit la même chose. Moi, je ne peux pas le dire. Je ne pense pas la même chose qu'eux. C'est comme s'ils s'étaient accaparés ces mots et les avaient vidés de leur sens.
Joëlle Lehrer : Dans cette chanson, vous semblez un peu méfiant, un peu parano en amour.
Jean-Jacques Goldman : J'admets. Je ne suis pas un peu méfiant, je suis très méfiant.
Joëlle Lehrer : Est-ce pour cette raison que vous dites dans une autre chanson qu'il vaut mieux de beaucoup se fier aux apparences ?
Jean-Jacques Goldman : Avec le recul du temps, je constate que les apparences sont un langage. Que dans la façon de s'habiller, de se coiffer, de marcher, de battre des yeux, rien n'est innocent. C'est un langage de l'inconscience extrêmement lisible et vrai. En général, la première impression que l'on a de quelqu'un est très exacte.
Le soir illustré, 24 septembre 1998, propos recueillis par Joëlle Lehrer
Laurent Delpech : Dans le livret de ce disque, il y a une phrase : "La vie c'est mieux quand on est amoureux". C'est votre cas. Est-ce que vous êtes un jeune mari heureux ?
Jean-Jacques Goldman : J'espère que c'est le cas de tout le monde. Ça n'a rien à voir avec moi. C'est simplement que quand on arrive à un certain âge, et qu'on a vécu des histoires et des moments, on se rend compte que la vie, elle est bien, mais quand on est amoureux, tout à coup, il y a d'autres couleurs. Et puis quand cet amour s'en va, les couleurs se flétrissent un peu. Ça n'a rien de personnel.
Goldman : comme ses pieds (Europe 1, 20 novembre 2001, propos recueillis par Laurent Delpech)
Jean-Jacques Goldman [à propos de "Si je t'avais pas"] : Cette chanson-déclaration ne couvre pas une réalité directe. Elle m'est venue en voyant un couple parfait. Je me suis demandé ce qui se passe entre eux. Il y avait déjà "Et si tu n'existais pas" de Joe Dassin ou "Que serais-je sans toi" de Ferrat. C'est une question que tous les gens qui ont vécu longtemps avec une femme peuvent se poser.
Eric Jean-Jean : Et bien, justement dans "Les p'tits chapeaux" : "ça m'saoûle", "c'est pas laid", "ça m'pèle", ça c'est des expressions de la fille dont tu es amoureux. "Le monde lui fait pas peur, elle trouve la vie mortelle", "elle met des p'tits chapeaux et moi ça me va", c'est exactement ça. C'est-à-dire que c'est quelqu'un qui n'est pas de ton univers et soudain, tu trouves que tout est génial parce que tu es amoureux.
Jean-Jacques Goldman : Oui, voilà, un exemple… d'un personnage comme ça…
Eric Jean-Jean : C'est pas forcément toi ?
Jean-Jacques Goldman : Qui met des p'tits chapeaux ? Non ! La personne ? Je sais exactement qui c'est. C'est à peu près trois, quatre personnes que j'ai croisées et finalement, ça finit par faire un personnage.
Paroles et musiques (RTL, 15 décembre 2001, propos recueillis par Eric Jean-Jean)
Laurent Boyer : Je viens sur "Si je t’avais pas", qui est une ballade.
Jean-Jacques Goldman : Une petite ballade folk avec de la slide guitar.
Laurent Boyer : Quand on regarde le texte, tu parlais tout à l’heure d’album perso, semi-autobiographique, c’en est un.
Jean-Jacques Goldman : C’est la question qu’on peut se poser. Si j’avais pas rencontré cette personne avec qui j’ai fait ma vie ou avec qui j’ai fait une partie de ma vie, qu’est-ce que… Tout le monde peut se poser cette question. Si c’était pas toi, comment j’aurais vécu ? Je trouve que c’est une question qu’on peut tous se poser… [silence]
Laurent Boyer : Mmmmm.
Jean-Jacques Goldman : Non ?
Laurent Boyer : Ouais, ouais, absolument oui. Mais ce qui est bien c’est que tu te la sois posée. [silence] C’est ce que tu te demandes. Si c’était pas toi, j’aurais été comment, et j’aurais fait quoi ?
Fréquenstar (M6, dimanche 16 décembre 2001, propos recueillis par Laurent Boyer)
Géraldine : Dans les "Petits chapeaux", dont vous dites affectionner le texte, vous dites, je vous cite : "Elle ramasse les paumés, tout ce qui traîne, les vieux, les chats, dans le tas, y'avait moi". Alors vous vous considérez comme un vieux ou comme un chat ?
Jean-Jacques Goldman : Un peu comme les deux [rires]. Il se trouve que quand j'étais scout, on donne un nom d'animal, ça s'appelle la totémisation, et moi, on m'avait appelé Kafra, qui est une espèce de chat sauvage, à mon avis pas en très bonne santé [rires]. Il doit y avoir quelque chose.
Pierre Chatard : Dans la chanson "On n'y peut rien", quand tu écris "Et on résiste , on bâtit des murs, des bonheurs, photos bien rangées", cela veut dire qu'on ne peut rien face à l'amour ?
Jean-Jacques Goldman : C'est juste qu'à un moment on se dit "Bon allez, là, il faut que je sois sérieux… Ha ! Quand même ! Je ne vais pas tout quitter, j'ai des enfants, une maison…" et tout à coup, voilà, le truc arrive… Ou alors dans l'autre sens, tout à coup l'amour s'en va, on ne sait pas trop pourquoi, et on n'y peut rien.
Pierre Chatard : Les conventions, les manières en amour, ça t'énerve ?
Jean-Jacques Goldman : Je trouve ça dommage ! Si on peut mettre des conventions partout, pas en Amour ! Je trouve que c'est super dommage de vivre des choses conventionnelles, forcées et raisonnables dans les relations amoureuses, ça veut dire qu'on ne les vit pas, en fait.
Pierre Chatard : Statistiquement, deux tiers des mariages se terminent par un divorce dans les grandes villes. Pourquoi tant de désillusions ?
Jean-Jacques Goldman : C'est surtout parce que maintenant, on parle d'amour ! C'est clair que du temps de nos grands-parents, l'idée d'amour dans le mariage n'existait pas, c'est-à-dire qu'on voyait des petites annonces dans un journal qui s'appelait "Le chasseur Français" où la femme mettait "cherche homme ne buvant pas" ! Là, la création de la famille était utilitaire, il y a avait un homme qui avait besoin d'une femme chez lui, pour faire la cuisine et des enfants, il y avait une femme qui avait besoin d'un homme qui travaille, l'amour était tout à fait subsidiaire. Il y avait les petites danseuses, il y avait des femmes pour ça. Maintenant, on est devenu beaucoup plus exigeant et par contre on ne vit que des histoires d'amour, même si c'est le prix des divorces. Et d'ailleurs, ça ne dure pas beaucoup moins longtemps, parce qu'avant, les gens mouraient jeunes, vers 40 ans. Ils faisaient 20 ans de couples. Maintenant, on fait souvent 7, 10 ou 15 ans et c'est déjà pas mal, quoi… Mais on peut le faire plusieurs fois [rires].
Pierre Chatard : Selon toi, la fidélité doit être le ciment du couple ?
Jean-Jacques Goldman : Chacun son truc. Je pense que ça peut l'être. Ça dépend vraiment des contrats passés. Moi, je pense que quand on se marie à 20 ans, qu'on a une espérance de vie de 84, 85 ans, et bien je trouve ça un peu dommage, quoi ! [rires]. Mais, bon, on peut vraiment s'éclater dans le cadre du couple. Tant mieux pour ceux qui y arrivent !
Interview de Jean-Jacques Goldman (MusiConnexion, mai 2002, propos recueillis par Pierre Chatard)
Qui est la femme de Jean-Jacques Goldman ?
Laurent Delpech : Vous pouvez nous parler un peu de votre femme ? Parce qu'on n'a pas eu beaucoup d'informations sur votre mariage, sur elle, sur vous.
Jean-Jacques Goldman : J'étais marié pendant 25 ans et je n'en ai jamais parlé, alors je ne vais pas commencer aujourd'hui.
Goldman : comme ses pieds (Europe 1, 20 novembre 2001, propos recueillis par Laurent Delpech)
Pour aller plus loin
- Jean-Jacques Goldman : Je ne vous parlerai pas d'elle (1982)
- Jean-Jacques Goldman : Appartenir (1987)
- Jean-Jacques Goldman : Sache que je (1997)
- Jean-Jacques Goldman : Quand tu danses (1997)
- Jean-Jacques Goldman : Les murailles (1997)
- Jean-Jacques Goldman : On ira (1997)
- Jean-Jacques Goldman : Si je t'avais pas (2001)
- Jean-Jacques Goldman : Les p'tits chapeaux (2001)
- Jean-Jacques Goldman : La vie c'est mieux quand on est amoureux (2001)