Jean-Jacques Goldman : 200 chansons pour l'an 2000
Essais
Il est de bon ton de dire que tout ce à quoi Jean-Jacques Goldman touche se transforme en or. Affirmation tout juste bonne à meubler l'article d'un journaliste en mal d'inspiration.
Prenons les chansons qu'il a écrites pour les autres, par exemple. S'il est vrai que Jean-Jacques Goldman est à l'origine des plus grands succès de Johnny Hallyday ("L'envie", "Laura", "J'oublierai ton nom"...), Patricia Kaas ("Il me dit que je suis belle", "Je voudrais la connaître"…), Céline Dion ("Pour que tu m'aimes encore"), Khaled ("Aicha"), qui peut se targuer de connaître les 79 titres qu'il a écrits pour 27 interprètes ? Certes, on ne peut pas blâmer le public de ne pas avoir fait un triomphe aux titres sortis avant 1985 : ils se sont vendus, dans le meilleur des cas, à quelques centaines d'exemplaires, et ils n'ont jamais été réédités depuis.
Mais tout de même. Qui a entendu parler de "Le plus tard possible" pour Robert Charlebois (1997), "Un grand bateau blanc" pour Christophe Deschamps (1995), "Respire" pour Carole Fredericks (1999), "Une place pour moi" pour Florent Pagny (1995) ? Toutes ont moins de cinq ans, portées par des interprètes qui sont loin d'être des inconnus du grand public, et aucune n'a connu d'engouement populaire. Ou plutôt des médias. Car c'est bien là que le bât blesse. Les radios ont beau jeu de prétendre que JJG n'écrit que des tubes, quand elles ne programment que ce qui leur semble judicieux.
Gildas Arzel peut en témoigner. Bien que son troisième album, sorti en 1997, ait été réalisé par Jean-Jacques Goldman et Erick Benzi (réalisateur de Jean-Jacques Goldman, Florent Pagny, Céline Dion, Anggun, Johnny Hallyday...), il ne s'est vendu qu'à quinze mille exemplaires. Comme me le confiait Gildas en septembre 1999, mi-figue, mi-raisin, "Jean-Jacques ne s'est planté qu'une seule fois dans sa vie, c'est avec moi". Et ce n'était pourtant pas la qualité de l'album qui était en cause...
Le nom de Jean-Jacques Goldman peut-il suffire à faire un tube ? Apparemment pas. Sa notoriété peut-elle rejaillir sur son entourage ? On peut en douter, si l'on considère les carrières solo plutôt mitigées de Carole Fredericks (deux albums en trois ans) et de Michael Jones (un album en 1997, resté confidentiel).
Ces quelques échecs signaleraient-ils un déclin annoncé du chanteur français préféré des Français ? "N'importe quel chanteur n'a pas le même succès après quarante ou quarante-cinq ans qu'avant. Il n'y a pas de contre-exemple, et je ne pense pas en être un", affirmait-il sur RTL en 1991. Et pourtant. C'est le seul artiste français dont six albums ont été disques de diamant (plus d'un million d'exemplaires vendus).
Contradictoire, alors, ma démonstration ? On pourrait le penser. Si Jean-Jacques Goldman rencontre autant de succès auprès de son public, fidèle depuis près de vingt ans, ce ne sont pas pour des chansons qui sont matraquées toutes les deux heures sur les radios FM. Après tout, sur la centaine de titres qu'il a écrits et interprétés en vingt ans de carrière, seuls une douzaine se sont classés dans les dix meilleures ventes de singles.
La vraie force de Jean-Jacques Goldman, en réalité, c'est d'écrire des chansons qui touchent les gens, qui expriment des sentiments ou des douleurs que tout un chacun a vécu, tout simplement. On aime "Je marche seul" mais on est ému par "Tu manques". On danse sur "Au bout de mes rêves" mais on est ébranlé par "Veiller tard". Jean-Jacques Goldman met des mots justes sur nos joies et nos peines. Des mots que l'on ressent, des mots que l'on comprend, des mots qu'il arrive à faire sortir à notre place.
D'ailleurs, en avril 1998, je lui avais demandé ce qu'il pensait de l'impact que ses chansons avaient sur la vie des gens. Il m'avait répondu ceci : "Récemment, je disais à un journaliste que la chanson n'était pas forcément ce qu'on appelle un art majeur, un art qui termine dans des musées, qui est fait pour la pérennité, pour la postérité, mais que par contre, c'était un outil de l'immédiat, qu'aucun autre art ne pouvait remplacer. Je disais que moi j'étais un peu, enfin, que nous étions un peu comme le papier peint des gens, c'est-à-dire qu'on était la bande-son de leur existence. On ne met pas du papier peint dans des musées, et nous, c'est pareil. Peut-être que cette musique ne restera pas, peu importe, mais je sais que les gens se rencontrent, se regardent, se touchent, font l'amour, font des enfants, se marient, sur ces musiques là. Moi, personnellement, ça me suffit". Qu'il soit rassuré. Nous aussi.
Jean-Michel Fontaine 11 octobre 2000 Tous droits réservés
Vos réactions :
J'ai apprécié ton petit essai qui, je trouve, permet de tirer un bilan sur 25 années de carrière. Des succès, beaucoup de succès,des succès à la pelle mais aussi des échecs ; d'accord, peu, mais quand même quelques échecs. Et là, je voudrais rebondir sur la relation JJG / médias. Je suis tout à fait d'accord avec toi lorsque tu dis "que tout ce à quoi Jean-Jacques Goldman touche se transforme en or", c'est une banalité sortie par des journalistes (souvent d'une presse dite "musicale") qui ne connaissent rien à la carrière de JJG. De toutes les façons, je crois qu'on ne peut pas attendre grand chose de ce type de journaliste qui, au début des années 80, ont mitraillé JJG. Aujourd'hui, tous les médias savent que faire un article sur JJG, ça fait vendre ! ! ! Alors, pourquoi ne pas dire des "conneries" pourvu que ça fasse vendre...
De toutes les façons, nous, vrais fans de JJG, nous savons peser le pour et le contre de ce que l'on peut voir dans la presse. Je pense que ça serait à nous de faire un article sur JJG et là nous aurions de vrais questions à poser et non pas des banalités.
J'aimerais conclure en disant que je vise là une certaine presse qui fait preuve d'hypocrisie : dans les années 80, cette presse détestait Goldman et maintenant elle le loue. Enfin, que veux tu, maintenant il faut vendre...
Jérémy Hammerton 27 novembre 2000 Tous droits réservés
J'ai découvert ton site sur Jean-Jacques la semaine dernière et j'ai eu du mal, étant admiratrice de JJG depuis longtemps, à quitter le site pour me replonger dans mon travail.
Je te remercie d'y avoir pensé, d'y avoir et d'y passer encore beaucoup de temps et d'avoir créé ce qui reste pour moi jusqu'à présent le site le plus complet et respecteux de JJG. Je trouve que le site ressemble à JJG, sobre mais élégant, humain et ouvert sur les autres et qui restitue fidèlement, à mon avis personnel, ce que JJG a toujours dit au fil dans ans : que son but était d'écrire pour les autres. Je connais JJG depuis "Comme toi" et je l'ai suivi au fil des ans et j'ai découvert grâce à lui des artistes tels que Carole Fredericks, Sirima, Gildas Arzel, Yves Simon, Christophe Deschamps et beaucoup de ses influences.
Contrairement à beaucoup de "fans" j'aime beaucoup quand JJG travaille avec d'autres personnes, j'ai l'impression de découvrir son "univers musical" ou sa "famille musicale". Cela a été le cas avec Johnny, Michel Berger et France Gall et ça continue avec Céline Dion, Patricia Kaas et tous les autres moins connus.
J'essaie de suivre ce qu'il fait pour les autres et j'avoue que ton site m'a bien aidé à compléter mes connaissances personnelles. Merci d'avoir "découvert" que J. Kapler était Robert Goldman. J'avais l'intuition que c'était "l'univers musical" de JJG et je suis heureuse de constater que j'avais raison. JJG adore les chanteuses à voix et la musique noire américaine et grâce à lui j'ai élargi mes horizons.
Je viens de recevoir ta réflexion sur les 200 chansons et JJG et je partage entièrement ton point de vue. Il a écrit de superbes chansons quit ont subi le matraquage des médias et d'autres méconnues mais que chaque "fan" devrait connaître (celle écrite pour Rose Laurens et reprise par lui-même plus tard par exemple est un petit bijou).
Des chansons comme "Pas toi", "Veiller tard", "Puisque tu pars", "Confidentiel" ou Tu manques" m'émeuvent particulièrement parce qu'elles touchent à mon histoire personnelle qui est parfaitement retranscrites dans ces textes et mélodies, elles sont plus importantes à mes yeux que les tubes numéro 1. Souvent les plus belles chansons sont à découvrir cachées dans des albums et ne sont souvent pas les tubes existants.
Je ne pense pas que tu sois agressif ou méprisant, peut-être juste un peu fatigué de répéter les mêmes choses. Si on va sur le site du début à la fin, beaucoup de nos questions trouvent une réponse et je comprends que tu puisses en avoir ras le bol ! !
Bon courage et longue vie à ton site dont je ferai la publicité à mes amis fans de JJG.
Brigitte Oyharcaba 27 novembre 2000 Tous droits réservés
Ma réaction au sujet de votre essai va être rapide. Elle ne s'adresse d'ailleurs pas qu'à ces quelques lignes. J'ai en effet envie de la relier autant aux chansons de JJG, qu'à votre site, à vos efforts et aux nombreux messages que vous nous envoyez chaque semaine, à nous les anonymes !
Tout ce que les médias pourront dire "en passant" sur JJG n'est rien à côté d'une chanson ou d'une info qui vous tient à coeur, juste parce qu'elle vous apporte du bien être, un peu de nostalgie ou autre chose : la mode ou le "tube" n'ont rien à voir la dedans. "Quand la bouteille est vide" ne dure même pas une minute et je trouve qu'il y a pourtant déjà beaucoup de chose dans cette chanson !
Voilà brièvement ce que j'en pense.
PS : au sujet de tous les gens qui vous critiquent, ça me fait penser à Vous, quand vous nous remerciez de répondre au sondage ou de toute autre chose, et aussi à ce que JJG à dit à Alès, à la fin du concert, quand tout le monde lui a dit merci !! Il pensait que c'était plutôt à lui de remercier tout le monde. Je suis bien d'accord avec lui, alors ... MERCI à vous et à TOUS ceux qui vous aident !
Stéphane Munsch 3 décembre 2000 Tous droits réservés