Jean-Jacques Goldman : Tout était dit (?)
Essais
En mai 1987, Jean-Jacques Goldman s'interrogeait pour savoir si un artiste n'avait pas tout dit en quatre albums. Ce doute existentiel précédait de quelques mois la sortie de "Entre gris clair et gris foncé", l'album que la plupart de ses admirateurs considèrent comme son plus abouti. A l'époque de ces déclarations, environ 80 chansons signées Jean-Jacques Goldman étaient disponibles dans le commerce.
Nous sommes désormais en l'an 2000 et Jean-Jacques Goldman a depuis écrit environ 120 chansons supplémentaires. Alors certes, JJG a repoussé l'échéance en écrivant une soixantaine de chansons (sur ces 120) pour Johnny Hallyday, Céline Dion et quelques autres ; certes, il s'est renouvelé en écrivant deux albums qu'il a interprétés avec Carole Fredericks et Michael Jones ; certes, "En passant" est un retour en solo on ne peut plus réussi.
Mais "On ira" ne reprend-elle pas l'idée de "Brouillard" ? "Tout était dit" celle du "Rapt" et de "Jour bizarre" ? "En passant" celle de "Veiller tard" ? On pourra toujours protester qu'à part l'amour, l'amitié, la vie et la mort, les sujets de chansons sont plutôt rares.
Mais que dire des similitudes troublantes entre "L'abandon" et "On ira" ? "Les derniers seront les premiers" et "Aïcha" ? "Sur le même bateau" et "Fermer les yeux" ? Certes, encore, il n'y a que sept notes, comme l'avait rétorqué Beethoven à un critique qui lui reprochait de toujours écrire la même chose.
Mais les "tics" musicaux et textuels dont nous raffolions jusqu'à présent ne sont-ils pas en train de se tranformer en manies répétitives d'un chanteur vieillissant à l'inspiration déclinante ? Jean-Jacques Goldman aurait-il vraiment tout dit, cette fois ? Les dix chansons signées Goldman sorties en 1999 laissent perplexes. Où peut-on trouver sa légendaire inspiration de songmaker dans "J'écris des chansons", "C'est la nuit", "Les chansons commencent"... ? Peut-on décemment les comparer à "L'envie", Pour que tu m'aimes encore" ou même "Il me dit que je suis belle" ?
Inspiration temporairement mis à mal, ou fin d'un mythe ? Surproduction ou simple passage à vide ? Les mois et les années qui viennent apporteront la réponse à ces questions. La prochaine échéance sera bien sûr le prochain album de l'interprète Jean-Jacques Goldman, à paraître vraisemblablement en 2001. Si celui-ci n'atteignait pas le niveau des précédents, on pourrait vraiment parler, et pour la première fois depuis 1981, de déclin. Celui qu'il annonce avec tant de conviction depuis si longtemps ? Jean-Michel Fontaine / Julien Schroeter "En passant", la liste, 25 janvier 2000 Tous droits réservés
Vos réactions :
Franchement, je trouve ça abuser, ce portrait que vous peignez de Goldman. Vous passez un temps fou à vous par rapport à lui à son oeuvre, à sa vie, et là du jour au lendemain vous sortez la critique qui tue comme si vous détestiez Goldman. Ce que vous dites n'est pas faux bien sûr mais pourquoi s'en rendre compte maintenant. C'est évident qu'il se répète un peu mais ça fait un moment qu'on s'en était rendu compte et est ce vraiment dérangeant ? Ce que je veux dire c'est que son métier, c'est de faire des chansons, comme d'autres font du pain ou autre chose. Alors voilà, comment peut on reprocher à quelqu'un d'être fidèle à ses idées. Chacun de nous à une approche de la vie, des thèmes qui nous sont chers et je trouve ça plutôt bon signe de ne pas retrouver un thème différent à chaque chanson. J'écris moi-même parfois et je me rends compte qu'on aborde les même sujets de façon plus ou moins différentes selon ce que l'on vit mais c'est extrêmement normal.
Maintenant, si ça vous ennuie et que vous attendez des thèmes nouveaux, ben faut changer de chanteur et puis l'album "En passant" d'ailleurs a quand même révélé quelques évolutions dans les idées de Goldman, particulièrement par rapport à l'approche de la cinquantaine et tout ce que ça implique. Bref, c'est peut-être un faiseur de tubes mais il les fait très bien. Si on veut en savoir plus sur ses idées, faut le connaître, on serait peut-être déçu, peut-être pas. En lisant son bouquin, on a déjà une approche assez intéressante d'autres idées qu'il ne développe pas dans ses chansons.
En tout cas tous les parallèles qu'on peut faire entre les chansons sont pour moi un aspect positif et je trouve intéressant de voir comment il traite les même problème avec quelques années de plus. Bref, j'ai du mal à comprendre votre sévérité et votre aigreur soudaine par rapport à cet homme à qui vous consacrez tellement de temps. Il me touche toujours autant à chacune de ses interventions publiques (télé, spectacles Enfoirés particulièrement) et puis même si tous ses tubes ne sont pas au top comment a pu l'être "L'envie" bien sûr, c'est sûrement qu'il n'a plus forcément cette ENVIE d'écrire des textes d'une telle force, mais attendons le nouvel album...
De toute façon, son métier c'est de faire des chansons, comme il y en a d'autres qui font du pain ou qui sont vendeurs chez Darty. Et puis, il dit qu'il aborde toujours les mêmes thèmes, mais c'est normal, ça prouve qu'il a des idées et qu'il y reste fidèle, ça serait prétentieux.
Sur ce, amitié à tous ceux qui restent admiratif, malgré tout.
Claire
"En passant", la liste, 25 janvier 2000 Tous droits réservés
A nos deux administrateurs préférés :
L'essai dont vous venez de nous gratifier est l'un des plus grands moments de la courte vie de cette liste. Je vous félicite pour cette lucidité qui vous honore et qui me fait dire que décidément, les "fans" de JJG ne sont pas tout à fait comme les autres. La question que vous posez est pleine de pertinence et trahit une interrogation que nous sommes certainement nombreux à partager. Je souhaite que JJG soit inscrit à cette liste pour recevoir votre message (après tout pourquoi pas ?). Je trouve que vous faites d'ailleurs preuve de courage en osant faire part de ces interrogations à une liste a priori acquise à la cause Goldman.
Le danger que court JJG est grand. Qu'il écrive pour d'autres n'a absolument rien de dérangeant en soi à condition qu'il parvienne à préserver sa créativité, à la réserver pourquoi pas à ses propres compositions. En effet, ce qui différencie JJG de quelqu'un comme Barbelivien, c'est qu'on attend de lui une qualité supérieure. Sa signature est un label (si je puis dire). S'il advenait que sa prochaine création ne soit pas à la hauteur de nos attentes, et s'il s'en trouvait boudé par son propre public, on peut se demander si les producteurs affairistes qui mènent le jeu de la variété française se tourneraient encore longtemps vers lui pour assurer le lancement (ou la résurrection) de leurs poulains. Et là commencerait une période trouble. J'ai déjà eu très peur à la sortie de Singulier. Je pensais que c'était un signe. Une compil, si tôt...
JJG me fait penser à ces multinationales qui ont réussi dans un secteur et qui cherchent à croître pour croître, en négligeant parfois leur core-business, c'est-à-dire leur métier de base, alors que c'est lui qui a fait leur richesse. C'est nous qui avons fait la richesse (!) de la marque de fabrique Goldman. On ne peut donc que s'inquiéter des voix qui s'élèvent parmi nous aujourd'hui. Certes, même si déclin il y a, l'oeuvre est suffisamment riche pour que nous puissions écouter souvent JJG sans nous lasser. Mais lui, en tant qu'homme et artiste, accepterait-il aussi facilement qu'il semble le dire de ne plus trouver d'écho auprès de nous ?
Les critiques de l'époque de Beethoven étaient vraisemblablement plus exigeants qu'aujourd'hui pour lui faire le reproche de toujours écrire la même chose. JJG n'est pas Beethoven, mais on ne le lui demande pas non plus. Nous avons adhéré à son style, parce qu'il nous correspondait. Il suffit de lire les message échangés "En passant" pour s'en convaincre. Aujourd'hui, cette correspondance est remise en jeu. Si un décalage se crée, si divorce il y a, nous devrons admettre la fin d'une époque.
Quand j'étais jeune, plus jeune, je m'imaginais réagir à l'annonce un jour du décès brutal de JJG. Je me demandais comment je vivrais la frustration de devoir admettre qu'il n'écrirait plus jamais de chansons. Aujourd'hui la question que je me pose est différente, et j'avoue ne jamais y avoir réfléchi en 15 ans. Que se passerait-il si, demain, les chansons de JJG, chantées par lui, ne me plaisaient plus ?
Pour ne pas noircir le tableau, il ne faut pas oublier que quoi qu'il arrive, il restera la scène, qui peut permettre de remettre au goût du jour des chansons anciennes. Tant que nous aurons l'occasion d'assister à des concerts de JJG, l'essentiel sera préservé. Mais aura-t-il longtemps envie (ou les moyens) de tourner si le succès de ces disques n'est plus au rendez-vous ?
D'autre part, il est heureux que nous ne nous posions des questions qu'aujourd'hui, après vingt ans de carrière. Pensez donc aux fans de Bruel (il y en a), qui se sont demandé s'il n'avait pas tout dit après... un album. Puis qui se sont tapés cinq ans de silence avant de constater qu'effectivement, il avait tout dit, et encore, pas toujours très bien. Et je ne parle pas des fans qui sont fans à 15 ans et qui s'aperçoivent à 40 ans que leur idole n'a en fait jamais rien dit.
En outre, il faut se méfier de ne pas faire porter la responsabilité de notre propre évolution à JJG. Nous ne sommes plus dans le même état d'esprit qu'il y a 15 ans. Nos vies ont beaucoup changé et vont encore changer ces prochaines années. Depuis que je suis père de famille et que j'ai un boulot (prenant), le temps que je consacre à JJG a très fortement diminué. Je prends peut-être moins le temps d'apprivoiser ses chansons. Cela change beaucoup de choses à la relation avec son oeuvre. Et puis vous le savez, la nostalgie a toujours tendance à faire préférer le passé au présent. Mais pour le coup, je pense que Jean-Michel et Julien ont visé juste. Nous allons être vigilants. C'est quand triste de penser que quoi qu'il arrive, le meilleur est derrière nous.
Stéphane Dumont
"En passant", la liste, 26 janvier 2000 Tous droits réservés
Il y a quelques temps déjà que j'essaie de formuler ce que vous dites avec brio. Avec en plus l'envie tenace parfois de le secouer pour qu'il se resaississe. Mais il n'est pas un ami, il ne m'est pas proche hors de sa musique. Alors je lui souhaite cet ami, ce proche, cette âme soeur. Il ne sert à rien de rester trop longtemps égaré...
Alizée Mezja
"En passant", la liste, 27 janvier 2000 Tous droits réservés
Je suis totalement d'accord avec vous, je crois que le problème vient aussi de la démarche de JJG : avant il avait une démarche artistique, un mec qui fait des chansons mais ne pense pas un instant en faire son métier. Ensuite il voit que ça marche alors il continue, mais en gardant la même démarche, et ce jusqu'à l'album "Entre gris clair et gris foncé". Ensuite je suis beaucoup plus sceptique, j'aime bien la période FGJ, sans doute parce que Michael Jones avait encore une certaine influence, il y a des choses intéressantes sur le plan musical, et même sur les textes (oui, bon, ok, je suis qui pour dire ça, c'est pas un jugement, c'est plutôt la façon dont je ressens les choses), mais on sent déjà le disque comme respectant un certain format (contrairement à "Entre gris clair et gris foncé" qui ne se plie à aucune règle du show-biz, si ce n'est un ou deux tubes qui sont par ailleurs de très bonnes chansons ("Là-bas", "Elle a fait un bébé toute seule", "Puisque tu pars"...).
En fait je situe le "début de la fin" de JJG quand il commence à s'intéresser au produit de consommation étiquetté "Céline Dion"... D'une démarche artistique il passe à une démarche commerciale et visiblement il poursuit dans cette voie. Son propre album solo ("En passant") est bâclé, on le retrouve sur la BOF du surmédiatisé "Astérix", il fait une chanson sur l'an 2000, et on voit maintenant JJG aux "NRJ Music Awards"... A quand la compil JJG pour la St-Valentin, le tube de JJG de l'été, Faites la Fête avec JJ ou bien, à l'image de la consternante Céline Dion, un CD de Noël ?
Enfin bref, j'attends bien plus impatiemment le prochain album de Michael Jones que le prochain produit de la gamme Goldman.
Nicolas Bruyère
"En passant", la liste, 27 janvier 2000 Tous droits réservés
De manière plus générale, je trouve qu'on est obligés de se répéter. Les écrivains écrivent toujours le même livre... Simplement, l'avantage chez Goldman c'est qu'il écrit peut-être toujours la même chanson, mais ce n'est pas la même que les autres.
Quand Obispo débite des banales "L'important c'est d'aimer" et autres miels amoureux, Goldman sort "Sache que je" ou "Chanson d'amour", qui changent un peu des chansons d'amour justement. Et puis rares sont aussi les chansons aussi terriblement lucides qu'"En passant" ou "Veiller tard". Quand il ecrit pour lui il trouve toujours les textes qui sortent un peu des lieux communs ou qui prennent des points de vue originaux. il n'y a pas beaucoup de chansons d'amour (d'amour non brisé) dans toutes ses chansons.... et ça me plait bien, je n'aime pas les chansons gaies
Albireo
En passant", la liste, 27 janvier 2000 Tous droits réservés
(...) Et ce que je n'arrive pas à comprendre aussi, c'est le jugement sur des chansons comme "Une fille de l'Est". Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a à redire à ce titre. Ça va vous faire rire, mais ma grand-mère adore cette chanson, sans savoir que c'est du Goldman. Bon, faut dire qu'on est de l'Est, mais bon. Les paroles sont divines. Par ailleurs, j'ai vu Patricia Kaas à Nancy dimanche dernier, et "Les chansons commencent" a été un des grands moments du concert. Faire du rock avec des violons, sur scène, ça vaut le coup d'oeil.
Je crois que je m'étale et que c'est pas bien constructif tout ça.
Jean-Michel et Julien, j'apprécie votre pavé, je partage quelques points mais je le trouve bien pessimiste. C'est ça qui me gêne le plus. Avec le fait qu'il tombe comme ça sans prévenir. Mais vos explications je les comprends. Seulement une année me semble un peu juste pour juger du ressort d'un artiste. Et si JJG veut nous faire des daubes, c'est son droit. Ça ne remet pas en cause son talent. S'il veut arrêter... qu'il arrête, s'il veut continuer... qu'il continue. Mais MERDE ! Il fait ce qu'il veut.
C'est pas moi, petit musicien incapable d'écrire une ligne, qui vait cracher sur celui qui me fait vibrer. Je sais pas comment dire. C'est pas du fanatisme. Je me suis déjà expliqué et il a tout à fait compris. Je réagirai quand il commencera à dire des conneries mais pour l'instant il n'y a pas lieu de le faire. Dans la vie, il faut savoir comprendre, se mettre à la place des gens pour relativiser. Et ne jamais juger, faire la justice à sa façon...
... l'idéal est de faire partager ses idées, comme vous avez bien fait de le faire.
Florent
"En passant", la liste, 27 janvier 2000 Tous droits réservés
Contrairement à ce que j'ai pu lire ici et à ce que Beethoven a pu dire, il n'y a pas que 7 notes dans la gamme. N'oublions pas les demi-tons (les dieses ou les bémols). Alors si je compte bien ça fait : do, do#, ré, ré#, mi, fa, fa#, sol, sol#, la, la#, si soit 12 notes pour un octave.
Et des octaves, on peut raisonnablement dire que la voix humaine peut en produire trois (plus pour certains, moins pour moi !!). Soit 3 x 12 = 36 notes. JJG dispose donc de 36 notes. Maintenant que JJG a pris conscience de ce nouveau champ d'action, je pense que son nouvel album sera peut-être plus inspiré !! Et tout ça à cause de moi ;-)) Merci qui ??
A bientôt (avec un peu plus de sérieux sûrement !!)
Philippe Calvet
"En passant", la liste, 27 janvier 2000 Tous droits réservés
Je ne prends pas souvent la parole, mais là je pense que c'est une bonne occasion. Il me semble que c'est une grande chance sur cette liste de pouvoir comme ça, en un mail un peu virulent, volontairement un tantinet provocateur, repartir de rien, en oubliant les passions "acquises" pour un éclairage plus objectif, comme quelqu'un qui découvrerai JJG maintenant, s'il ne tourne pas en rond. Paradoxalement, cet éclairage plus objectif, de comparaison entre ses chansons ne peut être fait que par ceux qui l'écoute et le connaissent depuis longtemps, et ca c'est rigolo.
Parce que c'est la seule que je connaisse, je vais parler de mon histoire, rapidement. J'ai découvert JJG par hasard en 87, avec EGCEGF. Depuis, j'ai simplement acheté tous ses album. J'ai aimé toutes ses périodes. Du trio à Céline Dion ("D'eux" surtout: "Pour que tu m'aimes encore" est pour moi ma meilleure chanson française des années 90, et c'est pour ça qu'elle est dans les meileures vente et qu'on la trouve commerciale ;-) ).
Bref, j'ai tout aimé.. jusqu'à "En passant". Padoxalement, c'est cet album le plus abouti qui a marqué pour moi le début d'une répétition qui devait me conduire à ne plus rien écouter du tout, ou presque. Il est le seul faire des chansons qui me touchent, et je n'ai donc pas envie d'écouter quelqu'un d'autre. Puisqu'il se répète, maintenant, j'ai eu l'impression de me répéter moi-même, à le suivre inconsciemment. Alors j'ai arrêté de prendre, inconsciemment, au mot beaucoup de principes qu'il décrivait, pour aller au bout des miens. Affranchi de son influence directe, et en ayant il me semble "trouvé ma voie", je réécoute sans préférence aucune "Last Flight" ou "En Passant". Comme fond musical. Il m'a aidé à une époque, je lui suis reconnaissant. Aujorud'hui j'ai grandi, et je garde sur son oeuvre un sentiment très... tendre, d'une époque que j'ai su ne pas gâcher.
En gros, ce qu'il faut retenir de cette histoire, c'est que la répétition d'un thème aide à comprendre la présentation qu'il en fait dans chacune de ses chansons. Goldman est donc un "tout". Et on a inévitablement raison de trouver qu'on écoute toujours la même chose. Disons que la répétition est la base de l'apprentissage... et qu'ayant plus ou moins intégré la majorité de ses chansons, je n'éprouve plus de sentiment de nouveauté dans ses nouvelles compositions. "Une fille de l'Est" un sympatique, sans plus, mais "C'est la nuit" a un refrain vraiment percutant. Il me fait d'ailleurs beaucoup penser à "Nuit", et je suis surpris que personne n'en ai encore parlé...
Toutes ces lignes pour, au final, répéter ce qui a été déjà dit ! Si c'est pas triste !! :o)
Aurélien Grosdidier
"En passant", la liste, 27 janvier 2000 Tous droits réservés
En découvrant votre message hier soir, j'ai été surprise et un peu consternée à la lecture de la phrase "les "tics" musicaux et textuels dont nous raffolions jusqu'à présent ne sont-ils pas en train de se tranformer en manies répétitives d'un chanteur vieillissant à l'inspiration déclinante ? Jean-Jacques Goldman aurait-il vraiment tout dit, cette fois ? " ; je me suis même demandé si ce n'était pas un de tes nouveaux canulars Jean-Michel, juste pour nous provoquer!! (si c'est le cas, tu vas être content car j'ai marché à fond!!!)
Mais bon d'un autre côté il paraît qu'il n'y a que la vérité qui blesse et j'ai donc décidé de laisser de côté mon aspect fan inconditionnelle pour "mener mon enquête" c'est-à-dire réécouter objectivement les chansons que vous comparez.
Les paroles :
Je mets de côté "En passant / Veiller tard" car ce sont deux textes que j'ai toujours trouvés mystérieux et que j'aurais donc du mal à comparer.
"On ira" / "Brouillard" : certes, les 2 parlent de voyage : "on partira de nuit" / "je prendrai la nationale", de vivre les choses à fond : "on prendra les froids, les brûlures en face, on interdira les tiédeurs" / "je prendrai les tiédeurs et les brûlures et je renaîtrai" ; il s'agit donc de nouveau départ, d'une nouvelle manière de concevoir la vie mais il me semble que "On ira" est bien plus déterminée, optimiste premièrement car c'est une proposition de voyage à 2 et qu'il y a aucun regret alors qu'il y a de l'hésitation dans "savoir briser partir pour ne jamais haïr c'est tellement difficile". C'est un choix solitaire alors qu' "on sera des milliers dans ce cas" dans "On ira". De plus le "voyage" du premier semble avoir un terme, un but à atteindre "quand j'atteindrai le terme quand le tour sera joué je n'aurai jamais plus jamais les yeux baissés" alors quil "y 'a que les routes qui sont belles et peu importe où nous elles nous mènent... si on en trouve, on cherchera encore".
"Le rapt / Tout était dit" : alors là, à part l'aspect passager d'une "rencontre" entre un homme et une femme, je ne trouve pas du tout que le thème soit le même. Dans la première , comme le dit le titre, c'est un "tête à tête" forcé, planifié depuis longtemps après des jours d'observation : "j'en pouvais plus de vous croiser dans la rue". Le type passe un moment seul à seul avec celle qui le fait devenir fou, pour lui confier ses sentiments : "j'ai aimé les minutes de votre présence". C'est quelqu'un qui souffre de l'indifférence de l'autre et va jusqu' à se mettre "hors-la-loi" pour se faire entendre "c'est un attentat, un acte de désespoir". Il se fiche des conséquences de son acte comme le montre si bien le refrain type "tribunal" : "Corde au cou/Je m'en fous". Il aura au moins "quelques heures" été heureux.
En revanche, "Tout était dit" c'est un peu comme une photo prise à une terrasse de café à un moment "x". C'est vraiment un hasard puisque "j'avais rendez-vous je crois, j'avais pas le temps" et la fille lui fait abandonner tous "les papes (...) sûrement patients". Tout le reste de la chanson met en évidence un aspect du genre humain (ou féminin?) : le langage des corps plus sincère que les paroles hypocrites "On ne ment qu'avec des mots / mieux vaut de beaucoup se fier aux apparences". Et il interprète ainsi tous les "aveux" dans "chacun de ses gestes" (son pied, sa main, son sourire.....) et y trouve "tant de solitude". Pour moi, c'est donc une chanson sur les centaines de gens qu'on rencontre dans le métro, sur un banc, dans une salle d'attente... et qu'on se met parfois à observer, qu'on semble connaître mais avec lesquels il ne se passera jamais rien. Il n'essaye d'ailleurs pas de la retenir, ni même de lui parler.
Les musiques :
je vais être beaucoup plus brève car n'étant pas musicienne, je me sens beaucoup moins apte à comparer sérieusement telle et telle mélodie. Juste une chose: j'ai écouté attentivement les morceaux évoqués et franchement j'ai rien remarqué de particulier. Il me vient alors une question : qu'est-ce qui est le plus important ? Ne serait-ce pas que Goldman compose des mélodies comme il les sent, qui nous touchent dès qu'on les écoute car elles accompagnent des paroles particulières et qui font que chaque chanson est unique. Ce que je veux dire c'est que pour moi une chanson c'est un tout, même si parfois je préfère le texte ou la mélodie. Si certaines partitions ont vraiment des "similitudes", je pense que seuls les musiciens avertis peuvent s'en apercevoir et je ne crois pas qu'ils représentent la majorité des fans de JJG. Et je ne pense pas non plus que ce soit "malhonnête" de sa part car comme il l'a dit lui-même il y a un style Goldman, comme il y a un style Cabrel, Souchon...
Manuella Nselel
"En passant", la liste, 27 janvier 2000 Tous droits réservés
Je viens de lire tous ces messages et comme l'écrit si bien Jean-Michel, le débat est lancé.... tout d'abord je n'ai pas trop compris pourquoi cette idée est partie. Lorsque j'aime une chanson je ne cherche pas à comprendre, elle me plait un point c'est tout. Maintenant que Goldman se répète pour moi n'est pas une mauvaise chose, loin de là, il y a ce style Goldman, comme il y a un style Brassens, Brel et autres grands. Que reproche-t-on au juste à JJ ? Qu'il prend du vieux pour refaire du neuf et alors... ce soir j'ai repris tous les titres, les siens et ceux écrits pour les autres et franchement (et je reste bien objectif !!!), il n'y a que "Bienvenue sur mon boulevard" qui me déçoit sinon je ne jette rien. "C'est la nuit" et "Une fille de l'Est" sont 2 excellents titres et Dieu merci JJ ne s'est pas abstenu pour les écrire.
Chaque musicien à ces suites harmoniques, il y a 7 notes de musiques et les mots que l'on aime reviennent souvent et tout ça est normal... Je n'ai pas envie que Goldman sorte un album totalement différent, moi j'aime ce qu'il fait tout simplement et à aucun moment je n'ai pensé que Goldman était une machine à faire des chansons clichés pour renflouer son porte-monnaie... (JJ a écrit quelques 150 chansons et Barbelivien 1 500, là est la différence). Enfin si maintenant pour ceux qui se plaignent changer d'artistes !!! La musique est accessible à tout le monde et à partir du moment il faut commencer à réfléchir en écoutant une simple chanson alors là cela devient trop compliqué et il vaut mieux zapper...
Thierry Fleurisson
"En passant", la liste, 27 janvier 2000 Tous droits réservés