Qui est Roland Romanelli ?
Qui est ?
Musicien de cœur et d’oreille, Roland Romanelli est l’un des arrangeurs les plus sensibles de la chanson française, fidèle compagnon de Barbara et de Jean-Jacques Goldman, dont il a su magnifier l’univers avec pudeur, rigueur et humanité.
Biographie de Roland Romanelli
Né à Alger le 21 mai 1946, Roland Romanelli s’illustre dès son plus jeune âge comme accordéoniste virtuose. En 1961, à quinze ans, il remporte la coupe mondiale d’accordéon à Pavie. Installé à Paris en 1966, il fait ses premières armes auprès de Colette Renard, avant de devenir l’un des piliers de l’univers musical de Barbara pendant vingt ans. Claviériste, directeur artistique, arrangeur, il co-écrit avec elle des titres marquants tels que "À peine", "Vienne" ou "Cet enfant-là". Ce compagnonnage humain et artistique laisse une empreinte profonde, jusqu’à leur rupture en 1986.
Dans les années 1970, Romanelli élargit son champ d’action. Il travaille ponctuellement avec Charles Aznavour, Michel Polnareff, Serge Lama. Il se passionne pour les synthétiseurs et fonde, avec Didier Marouani, le groupe Space, pionnier de la musique électronique en France. Le titre "Magic Fly" devient un tube planétaire, emblématique du son cosmique de l’époque.
En 1983, Jean-Jacques Goldman frappe à sa porte. Leur première rencontre a lieu... dans une voiture, une Talbot Horizon brinquebalante. Goldman lui fait écouter, depuis l’autoradio, l’intégralité de son prochain album. Touché par la sincérité du chanteur, Romanelli accepte de collaborer avec lui, bien qu’il se sente d’abord en décalage avec son univers. Ce sera le début d’un compagnonnage discret mais capital : il arrangera plusieurs albums de Goldman, notamment "Non homologué", et de nombreux titres écrits pour d’autres, comme Johnny Hallyday, Patricia Kaas ou Céline Dion.
À l’image de leur relation : fluide, respectueuse et jamais spectaculaire. Goldman admire son sens de l’orchestration, sa musicalité à fleur de peau, sa capacité à faire "respirer" les chansons sans les alourdir. Romanelli, lui, loue la rigueur, la fidélité et l’humanité de Goldman, son art de diriger sans imposer, d’écouter sans juger.
Ils travaillent ensemble sur la bande originale d’Astérix et Obélix contre César (1999), partageant les tâches : Goldman pour les chansons, Romanelli pour la musique de film. Le London Symphony Orchestra et Abbey Road sont à leur disposition. Romanelli confie que sans Goldman, il n’aurait jamais eu un tel confort de travail.
Malgré l’arrêt de leur collaboration régulière, leur lien reste intact, ponctué de rendez-vous choisis. Romanelli raconte : « Il ne m’a pas remplacé. Il m’a dit qu’il avait besoin d’autre chose. Il m’a parlé, avec élégance. » Et Goldman continue de l’appeler, parfois, pour un arrangement, une musique, un projet.
En parallèle, Romanelli poursuit une carrière éclectique : il arrange pour Bruel, Lavoine, Renaud, compose pour le cinéma, la télévision, et rend hommage à Barbara à travers plusieurs spectacles dont Ma plus belle histoire d’amour… Barbara ou Barbara par Roland Romanelli.
Son style ? Une alliance rare entre exigence technique et engagement émotionnel. Sa fidélité aux artistes n’est jamais servile : elle s’enracine dans l’admiration et la sincérité. Homme de studio autant que de scène, Roland Romanelli reste, à 79 ans, une figure respectée et discrète de la musique française
Roland Romanelli vu par Jean-Jacques Goldman
Romanelli, c’est quelqu’un qui me passionne. Il a tout en lui. Au début, c’est un accordéoniste, et il s’est mis dans les synthés. Il a une maîtrise de la technique – et c’est très difficile à maîtriser – et il l’occulte complètement. On n’en entend pas parler. Il met tout ça au service de son feeling et de son cœur. C’est vraiment un musicien de cœur. Même en studio, il joue, il n’y a pas un spectateur, vous avez l’impression qu’il est sur scène, il vit ce qu’il fait. Mais même pour une pub, il vit ce qu’il fait ! C’est incroyable, ce musicien-là. Il transpire d’humanité.
Jean-Jacques Goldman vu par Roland Romanelli
Jean-Jacques, c’est l’humain dans toute sa splendeur. Il l’est autant que l’on peut l’être. Il m’a tellement appris, professionnellement et humainement. Il a ce don rare de savoir qui est fait pour quoi, et il vous le dit d’un mot. Il respecte les autres tout en se faisant respecter. Tout se fait dans la simplicité. Je ne lui connais pas de défaut.
Roland Romanelli raconte la génèse de "Encore un matin", démonstration à l'appui
Un extrait de "Jean-Jacques Goldman, la bande originale de sa vie" (Un jour, un destin, France 3, 23 septembre 2021)
Sources
- Grand Format (RTL, 29 juillet 1991, propos recueillis par Evelyne Pagès)
- Annie et Bernad Reval : Jean-Jacques Goldman (France Empire, 2003)
- Emmanuel Bonini : Jean-Jacques Goldman - Le vent de l'Histoire (Editions Didier Carpentie, octobre 2011)
- Roland Romanelli sur Wikipedia
Illustrations
- Photo : Norbert Gabriel, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
- Modifications : Jean-Michel Fontaine + PixelCut.ai