Confidences : Pierre Goldman (2025)

Confidences

Jean-Jacques Goldman : Je ne l'ai jamais caché qu'il était mon frère dans le sens où je pensais qu'il était hors sujet. Qu'est-ce que je pourrais dire... Il y avait évidemment un grand écart d'âge, on était demi-frères. Mais il n'était pas atypique dans la famille. D'une certaine manière, une fois de plus, la personne la plus atypique de la famille, c'était moi parce que je n'étais pas militant. Moi, je faisais de la musique, de mouvance un peu sociale-démocrate qui les faisait un peu ricaner. Ce n'était pas par opposition vis-à-vis d'eux mais bien par conviction et comme c'était des gens tolérants, ils le toléraient. J'étais considéré comme le canard boîteux de la famille, un peu trop pragmatique, un peu trop réaliste. Tous étaient donc militants, lui aussi. Il a seulement poussé son militantisme jusqu'à aller faire la guérilla en Amérique du Sud mais ce n'était pas très particulier dans ma famille. Le cas particulier, c'est ce qui lui est arrivé après et qui relève du droit commun...

Jean-Jacques Goldman voit "rouge" et remet les pendules à l'heure du constat (Le Soir, le 16 février 1994, propos recueillis par Thierry Coljon)

Jean-Jacques Goldman : Mon attachement est relatif. On avait six ans d'écart et j'étais encore un gamin lorsqu'il a quitté la maison. Pour nous, il ne peut être un mythe. J'avais une image de lui plus simple, plus entière, celle d'un grand frère. Il est devenu une figure révolutionnaire, c'est un fait, et j'y assiste comme vous. De toute façon, je vis assez peu avec le deuil. Pour moi, le problème reste la vie, pas la mort.

Goldman, un homme juste (L'Express, 25 Septembre 1997, propos recueillis par Gilles Médioni)

Jean-Jacques Goldman : On avait six ans d'écart et j'étais encore gamin quand il a quitté la maison. Mort à 35 ans, il est devenu une figure révolutionnaire... Moi, je garde de lui une image plus simple, plus entière, celle d'un grand-frère dont on parlait peu chez nous.

Jean-Jacques Goldman, simplement (Ouest France, le 12 avril 1998, propos recueillis par Yvon Lechevestrier)

Jean-Jacques Goldman : L'histoire de Pierre Goldman est indissociable de celle de mon père. C'est un prolongement. Il y a eu comme une mythologie autour du père, de son passé de combattant clandestin, et je ne saurais dire s'il n'a pas fait une identification, sauf que ce n'était plus la même époque, ni la bonne – puisqu'il n'y avait pas la guerre, la vraie... Il faut voir, aussi, que ce frère, enfant reconnu par mon père, a très tôt demandé à être émancipé, ce qui indiquait une volonté de rupture... Nous avons appris le côté "mauvais garçon", après ses aventures au Venezuela, par les journaux, mais nous savions qu'il n'était pas intéressé par l'argent. On n'a jamais eu l'impression d'être loin de lui. J'ai toujours considéré que ses valeurs restaient les mêmes que les nôtres : amitié, idéalisme, fraternité ; une tendresse pour les faibles, la lutte contre les forts.

Philippe Labro : Je connais des gens de toutes sortes (2003)

Jean-Jacques Goldman : Pour beaucoup de gens, le fait de chanter "Quand la musique est bonne", et que cela émeuve un public d'adolescents, qui ne savaient pas que Pierre Goldman avait existé, avait quelque chose de... louche. Ça a peut-être énervé ces juges vertueux que je ne fasse aucune référence apparente – même dans mon goût musical. Car Pierre était fou de musique sud-américaine, alors que j'ai été exclusivement nourri de rock.

Philippe Labro : Je connais des gens de toutes sortes (2003)

Jean-Jacques Goldman : Je n'ai jamais nié mon lien avec lui, de même que lorsque, à mes débuts, la maison de disques m'a suggéré de changer de nom, il ne m'a pas fallu trois secondes pour dire non.

Philippe Labro : Je connais des gens de toutes sortes (2003)

Fred Hidalgo : Certains ont pourtant vu dans "Ton autre chemin" une référence à ton demi-frère, Pierre : “D’aussi loin que je me souvienne / Bribes d’enfance, bouts de scène / Tes yeux, ton visage et ta main dans ma main / Et nos pas sur le même chemin…”

Jean-Jacques Goldman : Ce n’est pas le cas. Mais je sais que beaucoup de gens l’ont comprise comme ça.

Fred Hidalgo : C’est-à-dire qu’en la mettant en dernière chanson de l’album…

Jean-Jacques Goldman : Non, c’est la dernière de l’album parce qu’on n’est pas forcé de l’écouter. C’est une chanson différente des autres, qui est très longue, bizarrement construite, avec beaucoup de développement musical. En fait, c’est un clin d’œil au style de Taï Phong. Comme un regard jeté dans le rétroviseur, un petit luxe personnel que je m’offrais.

Fred Hidalgo : Et pour le texte, l’histoire qu’elle raconte ?

Jean-Jacques Goldman : Un jour, j’ai reçu un coup de fil d’un ami d’enfance, un ami du temps de la petite école et des premières classes du secondaire, il m’appelait de Suède, je crois, on devait avoir trente ans, et je me suis rendu compte au bout d’une minute, une minute trente de conversation, qu’il délirait, qu’il était ailleurs… Sur un autre chemin. C’est ça, le thème : “Dis-moi les voix, les envies qui te mènent / Dis-moi les vents, les courants qui t’entraînent / Les idées fixes et les clous qui te rivent / En quelles errances, immobiles dérives […] / Montre-moi ton autre chemin.” Mais ensuite, on m’a dit en effet que ça pouvait donner l’impression que je parlais de Pierre…

Fred Hidalgo : Quand on la relit dans cette optique, sans bien connaître la nature de vos relations, on peut en effet se laisser abuser : “On a commencé à se perdre de vue à l’adolescence / Je te trouvais un peu trop austère / Un peu trop sérieux, un peu trop secret / Moi, j’avais besoin de musique, de lumière / Et de futilité…”

Jean-Jacques Goldman : C’est juste. Comme quoi il y a des chansons qui échappent à la volonté de leur créateur ! En l’occurrence, celle-ci est une chanson sur la folie : “Ta mère nous disait que tu partais en vacances / Elle ne mentait pas quand j’y repense / En vacances de vie, en vacances d'envie…”

Fred Hidalgo : En même temps, comme ton frère s’était absenté très tôt du foyer familial, et que vous n’aviez pas la même mère…

Jean-Jacques Goldman : C’est vrai (rire), je n’y avais jamais pensé. Ça peut paraître troublant.

(...)

Jean-Jacques Goldman : Contrairement à ce que certains pensent, je n'ai jamais écrit de chanson sur mon frère Pierre.

Fred Hidalgo : Quels souvenirs d’enfance gardes-tu de lui ?

Jean-Jacques Goldman : Nos rapports étaient très distants. Déjà, il était né en 1944, moi en 1951 ; sept ans d’écart c’est beaucoup quand on est enfant. Lorsque j’avais cinq ans, il en avait douze… Je l’ai assez peu connu, en fait. Quand je dis “Tes yeux, ton visage et ta main dans ma main”, je n’ai jamais vécu de telle relation avec lui, il n’y a jamais eu d’intimité entre nous… En plus il n’était pas très affectueux avec nous et il ne se sentait pas spécialement bien à la maison. Il est parti en pension dès qu’il a eu treize ou quatorze ans, parce qu’il était très turbulent et qu’il se faisait renvoyer de tous les lycées. On ne se voyait plus vraiment. Pour la petite histoire, quand tu cites “Ton autre chemin”, “Je te trouvais un peu trop austère, un peu trop sérieux”, c’est tout le contraire : l’austère, le sérieux, c’était plutôt moi, et lui le futile. C’était un bon vivant, du genre hâbleur, un noceur, un danseur, il profitait de la vie, quoi ! Il n’était pas que ça bien sûr, mais ça aussi.

Fred Hidalgo : Jean-Jacques Goldman Confidentiel (2016)

Questions les plus fréquentes concernant Pierre Goldman et Jean-Jacques Goldman :

Quel est le lien entre Pierre Goldman et Jean-Jacques Goldman ?

Pierre Goldman (né le 22 juin 1944 à Lyon) est le demi-frère de Jean-Jacques Goldman (né le 11 octobre 1951). Leur père Alter Mojze Goldman les a élevés avec sa seconde femme, Ruth, et leurs deux autres enfants, Patricia et Robert.

Biographie de Jean-Jacques Goldman : "Racines"

Jean-Jacques Goldman a-t-il déjà écrit une chanson sur Pierre Goldman ?

« Contrairement à ce que certains pensent, je n’ai jamais écrit de chanson sur mon frère Pierre. »

Fred Hidalgo : Jean-Jacques Goldman Confidentiel (2016)

Quelles sont les citations les plus connues de Jean-Jacques Goldman à propos de son frère Pierre Goldman ?

  • « Je n'ai jamais caché qu'il était mon frère. »
  • « Mon attachement est relatif. On avait six ans d'écart et j'étais encore un gamin lorsqu'il a quitté la maison. Pour nous, il ne peut être un mythe. J'avais une image de lui plus simple, plus entière, celle d'un grand frère. »
  • « On avait six ans d'écart et j'étais encore gamin quand il a quitté la maison. »
  • « Moi, je garde de lui une image plus simple, plus entière, celle d'un grand-frère dont on parlait peu chez nous. »
  • « L'histoire de Pierre Goldman est indissociable de celle de mon père. C'est un prolongement. »
  • « On n'a jamais eu l'impression d'être loin de lui. J'ai toujours considéré que ses valeurs restaient les mêmes que les nôtres : amitié, idéalisme, fraternité ; une tendresse pour les faibles, la lutte contre les forts. »
  • « Je n'ai jamais nié mon lien avec lui. »
  • « Contrairement à ce que certains pensent, je n'ai jamais écrit de chanson sur mon frère Pierre. »
  • « Je l’ai assez peu connu, en fait. Il n’était pas très affectueux avec nous et il ne se sentait pas spécialement bien à la maison. On ne se voyait plus vraiment. »
  • « C’était un bon vivant, du genre hâbleur, un noceur, un danseur, il profitait de la vie, quoi ! Il n’était pas que ça bien sûr, mais ça aussi. »

Pour qui Jean-Jacques Goldman a-t-il écrit "Confidentiel" ?

Jean-Jacques Goldman a écrit "Confidentiel" pour évoquer une séparation amoureuse. Il a toujours précisé qu’il s’agissait d’une chanson sur une "rupture positive", apaisée, et non d’un hommage à un disparu ou à un proche défunt.

Pour qui Jean-Jacques Goldman a-t-il écrit "Puisque tu pars" ?

Jean-Jacques Goldman a écrit "Puisque tu pars" pour son public, comme une manière de lui dire au revoir à la fin d’un concert. Il l’a voulue universelle, pouvant s’adresser aussi bien à un enfant qui quitte la maison qu’à toute personne qui s’éloigne pour suivre son propre chemin.

Pour qui Jean-Jacques Goldman a-t-il écrit "Ton autre chemin" ?

Jean-Jacques Goldman a écrit "Ton autre chemin" pour un ami d’enfance qu’il a retrouvé des années plus tard et dont il a découvert qu’il avait sombré dans la folie. Ce n’est pas une chanson de rupture amoureuse, mais un dialogue manqué entre deux destins qui se sont éloignés.

Pour qui Jean-Jacques Goldman a-t-il écrit "Tu manques" ?

« "Tu manques" fait référence à mon père, qui venait de disparaître. »

De quoi parle la chanson "Confidentiel" ?

"Confidentiel" parle de la séparation, du souvenir et de la gratitude envers ce qui a été vécu. C’est une chanson intime et minimaliste qui transforme la douleur en lumière, invitant à accepter la perte comme une part de la vie et non comme un échec.

De quoi parle la chanson "Puisque tu pars" ?

"Puisque tu pars" parle du départ et de la séparation, non comme une rupture triste, mais comme un acte de confiance et d’amour. La chanson célèbre la liberté de l’autre et la joie d’avoir transmis assez d’amour pour le laisser partir.

De quoi parle la chanson "Ton autre chemin" ?

"Ton autre chemin" parle d’une amitié d’enfance qui s’est brisée avec le temps. Jean-Jacques Goldman y exprime son incompréhension et sa tendresse face à un ami "sur une autre planète", transformant cette perte en réflexion sur la différence, la folie et le destin.

De quoi parle la chanson "Tu manques" ?

"Tu manques" parle de la perte d’un être cher et du vide qu’il laisse. C’est une chanson de deuil pudique, écrite dans la solitude de la nuit, où Goldman transforme la douleur en résilience et la mémoire en force intérieure.

Jean-Jacques Goldman a-t-il écrit "Confidentiel" pour son frère Pierre ?

Non. Jean-Jacques Goldman n’a jamais écrit "Confidentiel" pour son frère Pierre. La chanson parle d’une séparation amoureuse, et non d’un deuil familial. Les rapprochements ultérieurs avec Pierre relèvent d’interprétations erronées.

Jean-Jacques Goldman a-t-il écrit "Puisque tu pars" pour son frère Pierre ?

Non. "Puisque tu pars" n’a aucun lien avec Pierre Goldman. La chanson évoque les départs de la vie — ceux des enfants, des amis, ou des artistes quittant la scène — et non un deuil familial.

Jean-Jacques Goldman a-t-il écrit "Ton autre chemin" pour son frère Pierre ?

Non. Jean-Jacques Goldman a clairement précisé que "Ton autre chemin" n’avait aucun lien avec son frère Pierre. La chanson s’inspire d’une rencontre réelle avec un ami d’enfance, et son thème central est la folie, non le deuil familial.

Jean-Jacques Goldman a-t-il écrit "Tu manques" pour son frère Pierre ?

Non. "Tu manques" n’a aucun lien avec Pierre Goldman. Jean-Jacques Goldman a confirmé qu’elle est dédiée à son père, un hommage intime à la fois personnel et universel.

Pour aller plus loin :